six phrases


Il y a eu un regroupement et j'ai fait partie du regroupement, après il y a eu une dispersion mais je n'ai pas fait partie de la dispersion j'ai continué de faire partie tout seul du regroupement sans participer avec les autres à la dispersion.

Je me décolle une méduse de la cuisse et je la tiens dans la main, longtemps dans la main et je l'embrasse sur une partie d'elle complètement molle, elle ne réagit pas elle, ne se contracte pas, je la regarde et la rejette à l'eau après l'avoir regardée un moment longtemps une dernière fois.

Les lignes dans les mains passent au bout des doigts, un dessin qui arrive, un garçon nu sur la page aux traits fins, un beau dessin d'un garçon nu allongé sur le flanc et qui regarde celui qui tient le dessin dans sa main, dans les yeux droit, la masse de ses cheveux noirs comme tracée les yeux fermés au crayon, je l'aime.

Passer le temps comme si de rien, jamais né jamais mort, passer un jour à rien et un autre dans le sommeil et un troisième autre dans le travail, ou dans un bain, dans un sac, comme une poule, une poule dans son poulailler, comme un coq dans son coquetier, les choses sont à leur place, une journée passe dans une autre, le soleil à l'est comme un mot dans sa phrase plonge le soir dans l'ouest, pour voir où est sa place.

Quand j'étais là elle avait le visage taillé mais jamais jusqu'au sang même s'il était marqué tout de même par quelques dizaines de traces sur la peau ce n'était pas les ronces qui la griffaient mais ses ongles toujours ses ongles qu'elle s'enfonçait sur tout le visage quand elle était en crise quand je la poussais à la crise elle se taillait le visage de dizaines de petites lunes, le front, les joues, le cou mais jamais jusqu'au sang, du moins pas quand j'étais là.  

Sont six phrases.