faits, gestes et grandes heures de l'adolescence



Alors j'ai mis mes poils dans une enveloppe. 

Le développement de moi-même, je l'ai vu venir à quinze ans dans les poils qui me venaient, et j'ai commencé à écrire à quinze ans, peut-être un peu avant ou après, dans les cahiers dans le secret j'ai commencé d'envelopper le langage dans les cahiers développés, les poils au torse autour des couilles sur les jambes venaient. 

Aussi aujourd'hui pour forclore la forme je t'envoie toutes mes lettres dans l'enveloppe avec  mes poils, du moins, tous ceux que j'ai pu m'arracher.

La conception de moi-même m'est venue dans la tension des autres en moi-même, dans le resserrement du cercle physique et symbolique des autres sur moi et alors. Alors j'ai pu me concevoir dans la paranoïa, à savoir dans la tension, dans le mouvement centrifuge du nœud au centre du cercle. La conception de moi-même s'est mise en œuvre dans la dialectique du nœud et du cercle, dans la centrifugeuse de la raison.

L'agacement nucléaire de ma peau, l’acné, et le pullulement dermique de mes poils m'ont donné l'écriture. Et avec j'ai pu confondre mon caractère à la lettre, et me mourir en fondant le délire à la raison, via la ligne. La ligne au cahier. 

Les messieurs et les madames pouvaient se détourner de moi je n'étais plus dans le champ de la vision, alors je pouvais me mettre au travail. Je repoussais les idées dans le cercle du délire. Je ne voyais que des lettres et jamais des idées. La notion c'était pour le monsieur et l'idée pour la madame. J'étais entre, non vu d'eux, dans l'état mort de l'angle.

Le pathos de soi était strié de mots, de lignes, et c'était la joie. La fausseté n'était pas plus vraie que le sérieux était du jeu. J'étais enfin inadapté. C'est à partir de ce point que j'ai pu parler. La sociabilité, l'adaptabilité et le regard de monsieur et le doigt pointé de madame formaient un carré dont j'étais l'à côté. Je commençais à vivre dans l'adolescence et les choses coulaient et souvent j'en pleurais car je n'étais pas étroit, je venais de naître et déjà je ne passais plus ni dans la porte ni par l'escalier. Les morts étaient psychorigides et les vivants étaient protestants. Il ne fallait pas trop s'attarder par là. 

Je ne regardais pas les statues que je savais venir d'un moule. 

J'aimais les peintures car elles étaient coules, et les livres étaient mes centrifugeuses. Je donnais mon jus sur les livres car j'étais sans méfiance. Les rues n'existaient pas encore. Mes vertèbres déviaient bien et supportaient le délire.